nouvelle

- Avant de penser à changer le monde, je vais peut-être commencer par essayer de me changer moi... ou au moins de m'améliorer...
Elle posa son regard méprisant, froid, droit sur lui. Marco Prince lui sussurrait un "requiem pour un con" dans les oreilles...
- Changer quoi? Améliorer quoi?
- Rien... tout. Moi.
Elle le fixait intensément. Il se sentait comme toujours tout petit, réduit à l'état nu de l'enfant qui n'a jamais grandi. Qui se cherche une adulcie permanente.
"Comment tu peux être aussi... con...", pensait-elle. Pensait-il qu'elle pensait. Ressentait-il.
Elle prit une large bouffée du cône d'herbe pure, le tenant toujours aussi précieusement, ferma les yeux et laissa le souflle se répandre de sa flore alvéolaire aux inhibitions synaptiques de son esprit, libérer ses pensées conscientes de leurs limites humaines. Elle rouvrit les yeux, répandant un épais nuage de fumée grise autour d'elle.
"Que tu es belle... Et comment est-ce que je vais m'y prendre pour te perdre?..."
L'étau des angoisses de son psyché révélé, immaîtrisé, dominateur, oppresseur... resserra sa poitrine, comprimant ses émotions. Son regard se perdit entre ses peurs et sa beauté.
Elle tourna le regard vers lui, et une lueur qu'il n'identifia pas passa sur le métal froid de ses yeux. De la gauche vers la droite. Apparut au coin de sa pupille droite, traçant une ligne invisible de lumière translucide. Disparut dans les recoins inexplorés, par lui, de son âme. Réapparut au coin de sa pupille gauche, intense, profonde, mystérieuse de la vérité de son être. Faible de la faille qu'elle ouvrait vers son esprit. La lueur passa et rejoignit les limbes de sa conscience.
Une infinitésimale fraction d'éternité. Son rythme cardiaque s'accéléra.
Elle tourna le regard vers lui. Elle arrêta le temps. Figea l'essence de l'espace et la matière.
Elle signifiait à l'univers le pouvoir de leur divinité.
"Ou c'est peut-être moi qui délire...".
- Que va-t-il advenir de toi, demanda-t-elle aux murs, au sofa, aux piéces d'étoffes chaudes sur les murs, sous la lumière feutrèe, discrète, douce et bienveillante.
Elle lui tendit le cône d'herbe, et se laissa glisser vers lui, carressant l'épais tapis de ses cuisses à moitié dénudées par le plissement de sa robe rouge argile vers ses hanches. Il le prit, aspira, ferma les yeux et se laissa retomber.
Et la retrouva le visage au-dessus du sien, une main lui caressant la joue, les lévres contre les siennes.
Ils s'immergérent longuement, intensément dans la profondeur insondable de leur union. Fusionnant leur matière, leur esprits, leurs désirs, leur avenir, leur passé...
***

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